Touriste, à vos gardes ...La Bretagne est terre de chemins creux, de landes et de tourbières où les nuits de pleine lune, d’improbables mais angoissants fantômes ressurgissent d’une Baie des Trépassés, où sonne encore le clocher de la Ville d’Ys....
La pensée irrationnelle a encore cours en 2005. Nous ne sommes pas en Haïti, bien-sûr. Ici, pas de culte vaudou....Ce n’est pas aussi important qu’en 1900 ou 1950, non plus. Mais ce n’est pas mort...
Ni la mort, que l'on appelle en Bretagne "l'Ankou" . L'Ankou circule la nuit, debout sur un chariot dont les essieux grincent.
Ce funèbre convoi est le "karrig an Ankou", char de l'Ankou (ou "Karriguel an Ankou" littéralement brouette de l'Ankou), remplacé par le "Bag nez", bateau de nuit dans les régions du littoral.
L’Ankou a reculé mais pas toutes les croyances : le chien noir -figure terrifiante d'un curé du siècle dernier-, Agrippa, un livre grâce auquel on peut se métamorphoser ou envoûter, et d'autres croyances ont encore cours...Elles tissent un magnifique roman oral que les Bretons se transmettent de génération en génération...
La légende de l'AnkouLes anciens Celtes ne craignent pas la mort puisque, pour eux, elle représente le commencement d'une vie meilleure. Les Bretons christianisés conçoivent la mort de la même façon, comme une chose simple, naturelle. Mais de l'Ankou, ils ont peur...
Les nombreux ossuaires, édifices, où s'entassent les ossements des défunts, témoignent de la familiarité des Bretons par rapport à la mort : les paroissiens méditent naturellement devant les crânes. Par ailleurs, les âmes trépassées "an Anaon" ne sont jamais loin.
Autrefois, lors des moments importants tels Noël ou surtout la Toussaint, il était courant de laisser à leur intention dans la maison, un bon feu, quelques crêpes. Cependant, la crainte des Bretons apparaît à l'évocation de l'Ankou, en breton "Anken", signifie chagrin, "Ankoun" oubli.
Maître de l'au-delà, l'Ankou est omnipotent. Il est dépeint comme un squelette, parfois drapé d'un linceul, tenant une faux emmanchée à l'envers. Des représentations anciennes le montrent armé d'une flèche ou d'une lance.
Mise en garde conte l'oubli
L'Ankou circule la nuit, debout sur un chariot dont les essieux grincent. Ce funèbre convoi est le "karrig an Ankou", char de l'Ankou (ou "Karriguel an Ankou" littéralement brouette de l'Ankou), remplacé par le "Bag nez", bateau de nuit dans les régions du littoral. Entendre grincer les roues du "Karrig an Ankou" ou croiser en chemin le sinistre attelage sont des signes annonciateurs de la mort d'un proche.
L'odeur de bougie, le chant du coq la nuit, les bruits de clochettes sont également interprétés comme des signes annonciateurs de mort. L'implacable Ankou nous met en garde contre l'oubli de notre fin dernière. Ces sentences sont gravées sur les murs d'ossuaires ou églises : « Je vous tue tous" (Brasparts et La Roche-Maurice), "Souviens-toi homme que tu es poussière" (La Roche-Maurice) ou encore, inscrit en breton, "La mort, le jugement, l'enfer froid : quand l'homme y pense, il doit trembler" (La Martyre).